BICENTENAIRE DE LA MORT DE NAPOLEON…

Ce 5 mai 2021, voici deux siècles déjà que l’Empereur Napoléon 1er mourait en exil à Sainte-Hélène, île volcanique de 122 km2, située dans l’océan Atlantique sud, au milieu de nulle part, territoire britannique d’outre-mer. Les éditions Memogrames n’ont pas attendu ce bicentenaire pour publier divers ouvrages évoquant le personnage et son époque. Le lecteur curieux relèvera à notre catalogue la monographie Les Grognards centenaires de l’Empereur (épuisé), le livre-souvenir Le sacre de l’Empereur Napoléon Premier, le portfolio d’aquarelles de Job De Bonaparte à Napoléon, l’autobiographie d’un grognard, Les Trente Batailles du Sergent Denis Moreau, mais aussi deux romans historiques, d’une part L’épée de l’Empereur, du Montois Philippe Yannart – mettant en scène des Montois anciens soldats de la Grande Armée, conservant secrètement une épée de l’Empereur soustraite aux vainqueurs prussiens au lendemain de la bataille de Waterloo -, d’autre part, Messidor An II, de l’ancien journaliste judiciaire et grand reporter Alain Guillaume.
Messidor An II a pour décor Leerbeek, un village de la banlieue flamande de Bruxelles, tantôt au début du 19e siècle quand la Belgique est française, tantôt à la fin du 20e siècle. On y côtoie le Premier Consul Bonaparte, des officiers francs-maçons, mais aussi les prêtres hostiles au Concordat et qui sont à l’origine d’un schisme au sein de l’Eglise catholique, les Stevenistes. Un roman riche, dûment documenté, aux intrigues passionnantes, qui ravira un public varié. Un roman passionnant qu’il ne serait pas inutile d’emporter en vacances dans vos valises…
Séverin n’est qu’un jeune villageois des Flandres. Son avenir est tout tracé. Fils du charron du village de Leerbeek, dans le « Pajottenland », il deviendra charron lui-même et son épouse sera Clémence, la fille à Deneubourg, le fermier. Mais un beau jour de Messidor, en l’An II, tout bascule. Les troupes françaises surgissent en Belgique et à grands coups de sabre et de mousquet elles décapitent le passé, redessinent le présent… et mettent « au pas » les curés. Séverin est curieux ; il a un besoin fou de découvrir et d’apprendre. Sa soif de savoir et son ouverture d’esprit le poussent naturellement vers les Français. Avec ses nouveaux amis, soldats et francs-maçons, il découvre finalement les plaisirs de Paris, le progrès des sciences et l’avancée des Lumières. Il rencontrera même Bonaparte. Et il deviendra riche grâce à l’invention d’une machine à tisser le lin. Pourtant, tout le monde n’apprécie pas le changement et le progrès peut faire peur. En échange de sa protection, Napoléon soumet l’Eglise romaine aux autorités civiles et contraint le Pape à accepter un concordat. Mais le clergé ne peut admettre qu’un humain place son autorité au-dessus de celle de Dieu et de nombreux prêtres se révoltent autant contre leur Pape que contre l’Empereur. Le mouvement « steveniste » – du nom du pasteur Stevens, l’un de ses guides – se développe en France comme en Belgique. Il rassemble bien vite des milliers de réfractaires dans une « église de l’ombre » qui se cache dans le froid des granges obscures et des grottes oubliées. Clémence, l’amie de Séverin, peine à marcher dans ses traces. Les Français lui font peur ; ce sont à ses yeux des occupants brutaux, des impies qui tuent et maltraitent ses bons prêtres. Elle sombre dans la bigoterie, s’isole du monde réel, et entre en clandestinité avec ses amis « stevenistes » désormais schismatiques. Elle s’éloigne inévitablement et dramatiquement de Séverin. Les « Stevenistes » ont survécu dans l’isolement et la discrétion jusqu’au 20e siècle. Ils n’ont pas rejoint le giron de Rome et ils sont encore quelques centaines, en France et en Belgique, à honorer leur Dieu à la manière des Anciens, avec une lecture des Ecritures figée dans un passé désuet. Les descendants modernes de Clémence et Séverin paieront un lourd tribut à l’intégrisme religieux et au sectarisme de leurs ancêtres comme le révèle la seconde partie du roman qui se déroule de nos jours. Messidor An II est un roman qui nous promène dans l’histoire et nous fait réfléchir aux déviances contemporaines des religions figées dans le temps et bloquées au « message originel » de leur prophète. Mais c’est aussi un roman d’aventures, prenant, troublant et surprenant. Un thriller historique original qu’on n’arrive plus à lâcher quand on l’a commencé.
GUILLAUME Alain, Messidor An II, roman historique, 224 pp. format B5, ISBN 978-2-930698-66-3, prix : 20 €
Décès d’un poète…
Charles VERFAILLE, l’un des maîtres de la poésie classique en Belgique francophone, vient de nous quitter. Il était l’auteur de nombreux recueils de poésie ( Au seuil de mon automne – 1992, Chemins secrets – 1997, Graines d’amour, fleurs de sagesse – 1999, Maux d’amour, mots d’humour – 1995, Ors et rouilles d’automne – 1993, Que dire encore ? – 2011 ). Franc-Maçon de longue date (il disait volontiers : « un poète peut être franc-maçon et vice versa »), il avait publié chez Memogrames, en 2008, Les Trois Amis ( et autres dits et poèmes d’inspiration maçonnique ), petit recueil illustré par son ami et frère maçon Willy Ronsmans et préfacé par Jean-Claude Leys.
Titulaire d’un diplôme de philosophie et lettres qui ne lui laissait entrevoir des perspectives raisonnables qu’après plusieurs années, Charles Verfaille se remit aux études et fut bientôt reçu docteur en droit, ce qui lui valut d’entrer au Crédit Agricole, dont il fut le directeur durant 27 ans.
Dès son départ à la retraite, libéré de ses lourdes occupations professionnelles, il revint à ses premières amours, à savoir la littérature et plus spécialement la poésie… Par-delà son travail d’écriture, il œuvre au rayonnement de la poésie : administrateur pendant plusieurs années de la Société des Poètes Français à Paris, fondateur et vice-président de l’Union des Poètes Francophones, créée à Lyon en 2004, lauréat de nombreux concours, il fut aussi membre et président de divers jurys littéraires, sociétaire de la Société des Poètes et Artistes de France et de l’Académie des poètes classiques de France.